Une simple visite de prévention 1/2

autor: Laura

PARTIE 1.

[Tom]
Je fixe depuis une bonne dizaine de minutes, la date entourée en rouge sur mon calendrier. Je suis encore en boxer, la bouche sèche, les dreadlocks dans tous les sens.
“ 20 mai, visite de prévention „. J’ai juste écrit de „prévention“ pour ne pas me stresser plus.
Mais même si ce n’est pas écrit, je sais de qu’elle prévention il s’agit.
Quelle idée aussi d’être dans une famille qui craint?
Mon arrière grand-père, mon grand-père, mon père, tous, à leur tour, ont eu le cancer de la prostate, tous! Et jeunes en plus! Dire que j’ai un risque de l’avoir aussi, par hérédité…
C’est pour cela, qu’aujourd’hui, 20 mai, je vais chez le médecin pour qu’il m’enfonce un doigt dans le cul… Par prévention. Argh.
J’avance jusqu’à la cuisine pour me préparer un chocolat chaud et des tartines de beurre. Je n’ai pas faim, mais je préfère me forcer. Il vaut mieux éviter de faire un malaise.
Je mets des tartines dans le grille pain, sors le beurre du réfrigérateur, enclenche ma Tassimo en mode chocolat et m’asseois à table pour attendre.
Un ami m’a conseillé un médecin spécialiste du cancer de la prostate. J’ai pris rendz-vous il y a six mois et c’est seulement aujourd’hui que j’y vais. Il y a temps de trouffions à toucher que ça?!
Le pain grillé bondit, la tasse chocolatée parfume la cuisine. Je n’ai toujours pas faim. J’appréhende, non seulement l’examen, mais surtout le résultat!
Je me lève mollement pour prendre ma tasse et mes tartines.
Allez Tom, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. S’il n’y a aucun problème tu remets ça dans cinq ans.
C’est ma dignité qui va en prendre un coup!

J’avale mon petit déjeuner rapidement, mieux vaut s’en débarasser. Et puis il est déjà tard et je dois prendre une douche.
Je me rends dans la salle de bain en traînant des pieds. Et si j’appelais pour annuler mon rendez-vous?
Ouai, mais si par hasard j’ai un problème, il faut le prendre à temps afin d’avoir la chance de le soigner…
Je balance mon boxer sur le carrelage et pénètre sous l’eau brûlante. J’ai une motivation d’enfer…
Maintenant que j’y pense, j’aurai dû chercher un médecin féminim… Quoique non… J’aurai encore plus l’impression d’être dominé.
Allez Tom, dis toi qu’il y a des milliers d’hommes qui ont subit cet examen! Et puis, ça ne doit pas être si terrible que ça, les homos ont l’air d’apprécier…
Je sors de la douche, me sèche, enroule une serviette autour de la taille et me dirige dans ma chambre pour m’habiller. J’enfile un boxer propre, un baggy, un tee-shirt blanc, mon bandeau, ma casquette… Je vais pouvoir y aller.
Même si je n’ai pas envie. Même si j’aimerais me casser une jambe pour avoir une bonne excuse. J’attrape mes affaires, les clés de voiture et sors de l’appart.
Je grimpe dans ma Cadillac, mets le contact, la première et démarre. C’est parti.
[…]
Je me gare sur un parking, situé à deux rues du médecin. Je ferai le reste à pied. Ma voiture est tellement grosse qu’il m’est impossible de rentrer dans les ruelles…
J’avance, les mains dans les poches, en essayant de ne pas y penser. C’est seulement de la prévention. Les femmes doivent bien aller chez le gynéco, ou faire des mammographies, moi, c’est un peu pareil…
Je m’arrête devant le numéro 10 :

„Docteur Trümper.
Cancérologue.
Spécialisé dans les cancers de la prostate, du côlon et du rectum.
Consultation sur rendez-vous.“
Mon estomac se noue. Je préfère encore aller chez le dentiste…
Je sonne puis entre dans la salle d’attente. Il y a un homme d’un certain âge. Je m’asseois discrètement. C’est vrai que ça va lui faire bizarre d’avoir un jeune, normalement c’est les plus de cinquante ans.
Je regarde les affiches collées au mur. L’une d’elle parle des règles d’hygiène de vie à respecter pour éviter d’avoir un cancer. L’autre décrit les substances contenues dans une cigarette. Faudrait peut-être que j’arrête de fumer…
La porte qui donne sur le cabinet du docteur s’ouvre. Un jeune homme, de grande taille, avec les cheveux bruns, portant une blouse, annonce un „suivant“.
Il n’est pas un peu jeune pour être médecin lui? Le patient se lève et pénètre dans le cabinet dont la porte se referme.
Je me retrouve seul, à lutter contre ce stress qui m’envahit peu à peu. Je n’ai vraiment pas envie d’y aller!
Docteur Trümper… Spécialiste des cancers de la prostate, du rectum et du côlon. Je me demande comment on peut choisir ce métier!
Du genre, quand je serai grand je veux m’occuper des cancers du trou du cul ! Franchement, il faut être un peu bizarre.
Je prends un magazine au hasard. Je tombe sur „L’Automobile magazine. Spécial Porsche“. Bon, ça va, c’est mieux que les „Elle“ ou les „Marie-Claire“ du dentiste!
Je me perds dans les courbes félines de ces voitures de rêve et des zéros de leur prix, quand la porte du cabinet s’ouvre. Merde! C’est à moi là. J’avais oublié…
– Suivant. Je pose le magazine, me lève et avance vers cet homme qui me fait penser, tout à coup, à un bourreau.
Il m’invite à entrer, je le suis nerveusement.
– Asseyez-vous. Dit-il en me présentant un fauteuil noir. Je m’asseois en face de son bureau où il s’installe.
– Vous êtes Tom Kaulitz? Demande t-il en tapotant sur le clavier de son ordinateur.
– Hum, oui. Je réponds timidement.
– Vous venez pour une visite de prévention. Dit-il en posant les yeux sur moi.
– Euh… Oui, oui. Je cache mes mains tremblantes entre mes cuisses.
– Vous avez quel âge? Demande t-il.
– 26 ans. Il sourit. Je ne vois pas pourquoi il sourit, mais ça lui va bien… Oula! Je divague.
– Vous savez en quoi consiste cet examen de contrôle? Demande t-il.
– A peu près… Enfin… Pas trop. Dis-je nerveusement.
– C’est indolore, je vais simplement faire un touché rectal, si je perçois une anomalie, je prescrirai des examens complémentaires à effectuer à l’hôpital. Mais il n’y a aucune raison, vous êtes jeune. Il sourit à nouveau.
– Justement… C’est que… dans ma famille tout les hommes ont eu le cancer, alors ont m’a conseillé de venir vous voir…
– Vous avez bien fait. Il vaut mieux s’assurer que tout va bien! Bon, tout d’abord, donnez moi votre date de naissance. Poursuit-il.
– Le premier septembre 1983. Il le tape sur son ordinateur.
– Vous fumez?
– Oui. Dis-je comme si c’était une grosse bêtise.
– Vous avez une petite amie? Demande t-il.
– Hum. Non. Je ne sais pas ce que ça peut lui faire.
– Vous avez des rapports sexuels fréquents? C’est quoi ces questions?
– Euh… Qu’est ce que vous voulez dire par „fréquent“? Je demande.
– Deux à trois fois par semaine. Me répond-il sérieusement.
– Euh… Alors non. J’ai honte. Lui, à l’air d’en avoir plus que moi… Qu’est ce que je raconte?
– Vous êtes homosexuel? Il abuse avec ses questions.
– Non. Je réponds en rougissant légèrement.
– Vous avez des problèmes d’érection? Argh, il en a combien en stock?
– Non, non. Dis-je fièrement. Il sourit.
– Bon. Je vais vous mesurer et vous peser. Levez-vous s’il vous plaît et enlevez vos chaussures. Je fais ce qu’il me dit. Il se lève à son tour et m’invite à monter sur le pèse-personne.
– Soixantes kilos. Ce n’est pas beaucoup. Dit-il. Mettez-vous là. Je m’installe à la toise, les pieds parallèles, appuyés contre le bois.
– 1m81. Eh bien, vous mangez monsieur Kaulitz? Demande t-il.
– Oui. Mais je ne grossi pas. J’explique.
– Je connais. Il sourit. C’est vrai que lui aussi est grand et mince. Il est beau même… Qu’est ce que je dis?
– Allez! Enlevez votre pantalon. Dit-il. Le moment tant redouté est arrivé!
J’enlève mon baggy, il me regarde en souriant. Je ne sais pas pourquoi, mais au lieu de me rassurer, son sourire me trouble.
– Le boxer aussi? Je demande en ayant peur de la réponse.
– Oui. Dit-il tout naturellement. Et puis vous vous allongerez ici. Explique t’il en installant un papier propre sur le lit de consultation. Mon tee-shirt trop long recouvre mes parties intimes, j’ai bien fait de le mettre!
Je m’asseois sur le cuir froid, puis m’allonge tout tremblotant.
Monsieur Trümper se lave les mains, puis enfile un gant en latex à la main droite. Il revient vers moi et sourit. Moi, je n’ai pas trop envie de sourire!
Il attrape les bords de mon tee-shirt. Mon coeur accélère. Il découvre mes parties intimes et le remonte jusqu’au nombril. Je rougis. J’ai honte, même s’il n’a pas l’air de s’en soucier, même s’il a l’habitude de voir des bites. Ca doit lui changer des vieilles ridées aux boules vides. Là c’est du jeune, du vigoureux, ça regorge de spermatozoïdes en pleine forme. Oula! je m’emporte.
– Pliez les genoux et écartez les jambes. Aaaah ! L’angoisse. J’obéis. Il s’installe sur un tabouret, la tête pile en face de mon trou du cul. Mais comment peut-on faire ce métier? Je serre les fesses alors qu’il n’a pas commencé.
– Détendez-vous s’il vous plaît Tom. Tiens, il m’appelle Tom maintenant… Comment s’appelle t-il lui? Qu’est ce que ça peut me foutre? Je n’arrive pas à me détendre. J’ai toujours les fesses contractées.
– Ca ne fera pas mal. Dit-il pour me rassurer.
– C’est ce qu’on dit, vous avez déjà essayez vous? Pourquoi je demande ça?
– Euh, hum… Oui, souvent. Il rougit. Merde. J’ai fait une gaffe. Il doit être gay…
– Ah! Dans ce cas. Je souris pour me faire pardonner de ma question idiote et essaie de me décontracter. C’est un spécialiste Tom, un spécialiste, fais lui confiance! Je sens ses doigts s’approcher de mon anus. Respire Tom. Caaaaaalme. Han, ça me stress. Eh! Mais… S’il est gay, peut-être… Enfin… Peut-être que… Je lui fais envie… Que, que je lui plaîs… Et qu’il aime me…
Je me crispe. Ses doigts viennent de me pénétrer en douceur. Bon, ça tire un peu mais ce n’est pas horrible. Il trifouille à l’intérieur de mon cul, à la recherche d’une anomalie quelconque…
– Ca va? Demande t-il.
– Oui. Je réponds.
– Vous voyez, ce n’est pas si terrible que ça. Les hommes craignent souvent cet examen à cause de l’image, plus qu’à cause de la douleur. Explique t-il.
– L’image? Je demande.
– Oui. Ca renvoit directement à l’homosexualité. Continue t-il.
– Ah… Ouai. J’avoue j’y ai pensé aussi. Hou! Je ne sais pas ce qu’il touche, mais c’est loin d’être désagréable… Il me plaît bien ce type…
Il retire les doigts, se lève, enlève son gant et se lave les mains.
– Vous pouvez vous rhabiller. Il n’y a aucun problème. Dit-il. Je souffle soulagé. J’enfile mon boxer, mon baggy, et m’asseois. Il s’installe face à son ordinateur, tape je ne sais quoi, puis me regarde en souriant.
– Je n’ai rien sentit d’anormal. Vous reviendrez dans cinq ans. Ah non! C’est nul là. Il va falloir que j’attende cinq ans pour le revoir. Et d’ici là, il aura quelqu’un (s’il n’a pas déjà quelqu’un), moi je serai peut-être marié, avec des gosses et… Oh! Qu’est ce qui t’arrive Tom, tu débloques ou quoi? C’est un mec!
– C’est sûr qu’il n’y a rien? Je demande.
– Sûr! Vous me réglez par chèque, liquide ou carte bancaire? Demande t-il.
– Chèque.
– Ca fera 28 euros. J’attrape mon chéquier dans le fin fond de la poche de mon baggy.
– Je dois le remplir? Je demande.
– Oui. Il sourit. Je remplis mon chèque et lui remets. Il le range directement dans le tiroir de son bureau.
Je me lève, lui aussi. Nous nous avançons vers la porte de derrière qui donne sur la rue.
– Eh bien, à dans cinq ans. Dit-il en me serrant la main.
– Oui, euh… Au-revoir. Sa main est toute chaude… Il desserre les doigts et m’ouvre la porte. Je sors tout triste, le regarde une dernière fois. Il sourit…

autor: Laura

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